APD (autorité belge)
Non respect d’une injonction prononcée par l’autorité contre une agence immobilière: 6 000 euros d’amende
L’Autorité de protection des données (APD) belge a publié ce 24 avril 2025 une décision de sanction à l’encontre de l’Agence Immobilière pour ne pas avoir respecté une injonction que l’APD lui avait précédemment adressée dans sa décision 172/2022. L’agence immobilière a ainsi été condamnée à une amende de 6 000 euros.
L’affaire remonte à une plainte de juillet 2022 concernant le maintien en ligne, même après la vente d’un bien immobilier, de données à caractère personnel telles que l’adresse exacte et les références cadastrales du bien vendu (les « données de localisation »). Dans sa décision 172/2022 du 24 novembre 2022, l’APD avait conclu que ce traitement manquait de base juridique. Elle avait donc enjoint à l’agence d’effacer ces données pour le bien concerné, de cesser tout traitement ultérieur, et d’informer l’APD des mesures prises sous 30 jours. L’agence n’a pas contesté cette décision, qui est devenue définitive le 27 décembre 2022.
Bien que l’agence ait affirmé le 5 décembre 2022 s’être mise en conformité, le plaignant a signalé que des recherches en ligne renvoyaient toujours vers des données sur le bien. Le Service d’inspection (SI) de l’APD a alors ouvert une enquête d’initiative en février 2023, constatant que, malgré la suppression de certains éléments (rue, numéro, références cadastrales), la localité restait visible sur le site internet, notamment via la carte Google Maps. Une publication Facebook de l’agence affichait même encore l’adresse complète du bien en février 2023, ne retirant la rue/numéro qu’en mars 2023, mais laissant également la localité visible. Le service d’inspection a conclu que l’injonction n’avait pas été respectée, estimant que tous les éléments de l’adresse, y compris la localité (particulièrement sensible dans une petite commune), auraient dû être supprimés.
L’agence a contesté l’applicabilité du RGPD, l’atteinte à ses droits de la défense, une prétendue « double peine » (non bis in idem), le caractère abusif de l’enquête, et la prétendue exclusion de Facebook ou des contraintes techniques. L’APD a rejeté ces arguments : la combinaison de données permettait bien l’identification indirecte d’une personne physique, constituant un traitement soumis au RGPD. La procédure actuelle sanctionne le non-respect de l’injonction (une infraction distincte selon l’article 83.6 du RGPD), non les faits initiaux.
En conséquence, l’APD a décidé d’imposer une amende contre l’agence immobilière. Le refus répété de l’agence de communiquer ses chiffres de chiffre d’affaires les plus récents a été considéré comme un manque de coopération flagrant, entraînant une majoration de 20 % du montant initial qui aurait dû être de 5 000 euros.
Disponible sur: autoriteprotectiondonnees.be